La première expérience photovoltaïque d’autoconsommation collective d’Auvergne s’écrit à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme). On ne passe plus par le rachat de l’électricité produite par EDF.
Entre production et consommation – sur et sous un même toit – l’électricité verte fait souvent un sacré bout de chemin !
En France, elle est achetée par EDF. Elle file rejoindre la production générale sur le réseau de l’opérateur national Enedis. Puis retourne aux consommateurs – sans distinction d’origine – via les différents fournisseurs d’électricité.
Un système qui a l’avantage d’assurer la continuité de l’apport énergétique quand le solaire ne produit plus. Et qui permet d’écouler la production photovoltaïque décalée des horaires de consommation locaux.
1 . Ce qui change avec l’autoconsommation collective
Jusque-là, on obtient un apport d’électricité « verte » appréciable. Mais pas forcément vertueux !
Le système français est collectivement coûteux. Ce que dénoncent les opposants ?Entre autres : l’obligation de rachat de cette électricité par EDF : au prix fort, par contractualisation sur plusieurs années, et financée par une taxe supportée par tous.
Ce qui change avec le système d’autoconsommation – favorisé depuis 2013 et rendu possible par les décrets du printemps 2017 (*) – c’est la possibilité de s’affranchir de l’étape du rachat et de la revente.
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2 . Comment est-ce que ça fonctionne ?
L’expérience localisée à Cournon repose sur quatre partenaires : un producteur, deux consommateurs, et un gestionnaire de réseau (avec les fournisseurs d’électricité).
Gérant de la toute jeune entreprise cournonnaise Systèmes solaires, Thomas Sallès est spécialiste des solutions photovoltaïques. C’est chez lui qu’est installé l’outil de production. Une ombrière de 80 mètres carrés (13 places de parking couvertes) pouvant produire 33.000 kW-crête. Il est donc le « producteur » de la toute première cellule d’autoconsommation collective auvergnate. Mais aussi son premier utilisateur (une salariée explique même que la borne de recharge de l’ombrière l’a fait passer à la voiture électrique).
L’entreprise Systèmes solaires ne consomme pas tout. Le reste peut donc être proposé à des « consommateurs » : les entreprises Matériel de pro et Clermont loisirs, « voisines géographiquement et électriquement».
Enedis se charge de la distribution et de la répartition entre les consommateurs. Ceci grâce à des compteurs qui indiquent la production et la consommation par tranches d’une demi-heure.
Le groupe d’autoconsommation est arbitré par une « personne morale organisatrice » (PMP, en l’occurrence Systèmes solaires). Laquelle détermine quelle part d’énergie produite est attribuée à quel consommateur.
Au final, cela se traduit par une déduction, en euros, sur la facture établie par EDF (ou tout autre fournisseur d’électricité) : équivalente à l’autoconsommation pour l’entreprise. Systèmes solaires assure atteindre entre 50 et 100 % d’autoconsomation selon la saison (météo dépendante, l’énergie photovoltaïque ne peut couvrir la totalité des besoins).
3 . Pourquoi a-t-on autant tardé à s’y mettre ?
Il aura fallu deux années après les décrets pour le tout premier dispositif d’autoconsommation collective soit inauguré en Auvergne. « Techniquement, nous n’étions pas prêts », explique le directeur territorial Enedis du Puy-de-Dôme, Pierre-François Mangeon. Il fallait d’abord mettre en place les « compteurs communicants de type Linky ».
Bref, un outil capable de mesurer une consommation électrique précise et en temps réel pour assurer une facturation qui respecte l’équilibre entre la production et la consommation.